«C’est MOI qui y vais!» (1/2)

Depuis la Ligne de front, par Paul & Joy Hattaway

Dans notre dernière lettre d’information nous avons parlé du fonds de soutien d’évangélistes en Asie et comment le Seigneur nous a amenés au fil des années à aider l’Église en Asie à rejoindre les perdus dans leurs propres pays. Nous n’imposons pas notre ordre du jour à ceux avec qui nous travaillons. Au lieu de cela, nous demandons aux responsables d’église de nous dire la vision que Dieu leur a donnée, et nous nous impliquons, soutenant certains projets selon la manière dont Dieu conduit et pourvoit.

Le concept paraît simple, mais nous avons été submergés de courriers en réponse à notre dernière lettre d’information, de lecteurs surpris par ce que nous avons écrit. Même quelques missionnaires qui avaient travaillé en Asie des dizaines d’années nous ont dit qu’ils n’avaient jamais sérieusement imaginé que les choses pourraient avancer plus rapidement s’ils se contentaient de servir et d’équiper les chrétiens du pays plutôt que d’essayer de tout faire eux-mêmes.

On ne devrait pas s’étonner que beaucoup de Chrétiens n’aient jamais entendu parler du concept d’être au service des chrétiens locaux. Après tout, on nous apprend à l’église chaque semaine – on nous le dit ou alors cela se déduit de ce qui est entrepris – que ‘notre’ christianisme est supérieur à celui du ‘Tiers-Monde’. Instituts bibliques et séminaires passent des années à encourager les étudiants à s’approprier leur ensemble de doctrines propre afin de le répandre dans le monde entier. Les biographies missionnaires d’autrefois toujours à l’étude soutiennent mordicus que nous allons faire au monde une grande faveur en partant en vue d’atteindre les païens de pays lointains.

L’implication, c’est que nous sommes les maîtres et que les églises d’Asie, d’Afrique, d’Amérique Latine ou ailleurs seront énormément bénies par notre arrivée. Après tout, nous avons plus de ressources, de programmes, de matériel de sonorisation  et d’argent qu’eux. Nous avons des prédicateurs qui savent lancer des blagues pour stimuler les auditeurs. [NDT: l’auteur s’adresse surtout aux chrétiens des pays anglophones riches]

Laissez-moi partager une expérience personnelle pour apporter une petite dose de réalité! Il y a quelques années j’ai entrepris un voyage pour la Province d’Heilongjiang au Nord-Est de la Chine. C’est la région la plus froide du pays, bordant la Sibérie, et j’arrivais au plein milieu de l’hiver avec des températures avoisinant moins 25 degrés.

Les églises de maison du centre de la Chine avaient hâtivement arrangé cette visite à Heilongjiang. Les croyants plus au sud connaissaient mon enseignement et mes convictions, mais les chrétiens d’Heilongjiang ne m’avaient jamais rencontré. J’ai été emmené à un petit appartement d’un quartier déshérité du centre-ville, où une trentaine de leaders d’église de maison s’étaient rassemblés pour partager un temps de communion et de festin autour de la Parole de Dieu. Beaucoup de ces leaders avaient subit de graves persécutions et été emprisonnés pour leur foi. Ils avaient aussi eu le privilège d’être le fer de lance d’une bonne partie du réveil formidable qui avait balayé Heilongjiang 15 à 20 années auparavant, avec littéralement des millions venant à la foi en Christ. La croissance avait été la plus grande à Daqing et environs, qui d’un unique groupe d’église de maison se composant de 80 croyants en 1990, était passée à 200,000 croyants en 2003! Ce groupe d’église a continué à s’accroître régulièrement jusqu’à aujourd’hui.

Le responsable de la réunion m’accueillit chaleureusement, mais avant de me donner la parole, il me dit avoir quelques questions à me poser, et m’introduisit dans une pièce à côté. Il se plia en deux pour tirer avec difficulté une lourde valise de dessous le lit. Il en ouvrit les cadenas pour en révéler le contenu – des douzaines de livres en papier glacé aux multiples couleurs, remplis d’enseignements chrétiens donnés par des prédicateurs occidentaux, et traduits en chinois.

Le responsable d’église de maison me demanda de parcourir les livres pour lui dire si j’approuvais les enseignements qu’ils contenaient. Je lui répondit sincèrement que beaucoup de livres ne m’étaient pas familiers, mais que ceux que je reconnaissais apportaient un enseignement que je considérais extrême, non biblique et dangereux. L‘ancien sourit puis me dit,

«Merci pour votre honnêteté. Nous gardons ces livres sous verrous parce qu’ils sont toxiques. Il y a quelques années un étranger nous a rendu visite et a pris note de notre adresse. Depuis ce jour là, il n’a cessé de nous envoyer des grandes boîtes remplies de ces livres. Nous n’avons jamais demandé à les recevoir et n’en voulons pas. Ils détruiraient la foi de nos membres si ces derniers les lisaient. Nous lui avons demandé d’arrêter d’envoyer les livres, mais ceux-ci continuent d’arriver malgré tout. Tant de boîtes arrivent que nous craignons que les autorités puissent avoir des soupçons et fassent des investigations pour déterminer pourquoi nous recevons tant de matériel religieux de l’étranger.»

L’expression sur son visage semblait indiquer la peine alors qu’il me disait cela, mais avec un sourire désabusé il conclut, «En fait les livres ont été une bénédiction pour nous pour une chose, une seule: en cette saison ils ont été d’un grand secours pour le démarrage du fourneaux chaque matin!»

Si nous mentionnons cette histoire, c’est pour partager un problème fondamental en rapport aux missions et au service de Dieu en général. Pour effectivement servir, nous devons être enclins à montrer de l’humilité et apprendre comment répondre au mieux aux besoins de ceux que nous servons. Il est arrogant de présupposer que nous savons mieux que les autres et les gaver avec nos idées, enseignements, ou livres.

Notez l’attitude que le Seigneur Jésus nous a demandé d’avoir : «Vous savez que ceux qu’on regarde comme les chefs des nations les tyrannisent, et que les grands les dominent. Il n’en est pas de même au milieu de vous. Mais quiconque veut être grand parmi vous, qu’il soit votre serviteur ; et quiconque veut être le premier parmi vous, qu’il soit l’esclave de tous. Car le Fils de l’homme est venu, non pour être servi, mais pour servir et donner sa vie comme la rançon de plusieurs. »

Lettre de nouvelles d’Asia Harvest «Le cercle de Feu», Juillet 2012 (1/2)

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