Afrique – Espérance en plein milieu des ténèbres

L’Afrique est un vrai désastre. Elle est rongée par les guerres — 6 millions de morts rien que pour le Congo, les famines, le SIDA, la pauvreté, la corruption, et la liste continue. Pourtant, l’évangile y a fait d’immenses progrès au cours du 20ième siècle. Comment est-il possible que tant d’Africains aient placé leur confiance en Christ, sans qu’on n’ait vu la situation s’améliorer pour autant? La puissance transformante de l’évangile de devrait-elle pas avoir eu plus d’impact? Qu’est-ce qui a tourné de travers?

L’Afrique est une illustration, un cas d’étude de tout ce qu’il ne faudrait pas faire, valable aussi bien pour les puissances dominantes que pour l’Église. Les puissances mondiales, en cherchant à se réserver l’accès aux immenses richesses naturelles de l’Afrique ainsi qu’à ses ressources humaines, ont cherché à contrôler le continent pour leur propre avantage. Le colonialisme et l’esclavage en ont résulté. Même après le départ des puissances coloniales, la compétition pour les matières premières n’y a pas baissé en intensité, conduisant à de nouveaux bains de sang, et toujours plus de corruption. Par la suite, en tentant de réparer ces dommages, la communauté internationale a inondé le continent de fonds et ressources de l’étranger, détruisant par là même les marchés locaux et créant une dépendance sur le long terme, pour le bénéfice financier du régime corrompu de divers pays développés. C’est plus que beaucoup de pays ne peuvent supporter.

L’église a sa part de responsabilité

L’Église, à l’inverse des puissances dominantes, a travaillé dur pour aider les peuples Africains, avec les meilleures motivations, mais aussi avec des stratégies parmi les pires. Et oui, la stratégie missionnaire que l’on emploie peut faire une grande différence. Des missionnaires sont venus en Afrique avec leur culture étrangère, des fonds étrangers, des stratégies, des structures, qui dans de nombreux cas ont été à l’origine d’une dépendance et ont empêché les peuples Africains de s’approprier l’Évangile.
Dans l’ensemble, les Africains sont passés à côté de l’Evangile et de la mission d’en faire part à toute tribu et langue d’Afrique et du monde. (…) Une lueur d’espoir, c’est que ça commence à changer.

Notre ami Glenn Schwartz (…) a été témoin de l’impact dévastateur de ces malheureuses stratégies missionnaires sur le peuple Africain. Il a passé plusieurs dizaines d’années à enseigner l’Église dans le monde entier sur la nécessité pour les églises formées d’être auto-suffisantes et les dangers de la dépendance, afin que les erreurs faites en Afrique ne soient pas répétées ailleurs. Nous le présentons dans chaque numéro de notre bulletin, parce que l’Église doit apprendre de ses erreurs, et employer ainsi les stratégies les plus efficaces pour établir des mouvements qui trouvent leur soutien et leurs forces missionnaires dans le peuple même.

Malheureusement, il y a toujours encore des organisations missionnaires qui continuent à promouvoir de telles stratégies missionnaires, alors qu’elles ont amené l’église d’Afrique à la dépendance. A cause de cela, nous nous efforçons de rappeler ce sujet régulièrement (…).

Proclamation d’un évangile incomplet

Pour que l’évangile ait tout l’impact qu’il peut avoir pour transformer un peuple et sa culture, il faut que la vision du monde de chaque personne soit transformée. La foi chrétienne ne peut pas simplement être ajoutée au sommet d’une vision du monde existante. Si tout ce que nous faisons, c’est d’obtenir qu’ils «fassent la prière de repentance», afin qu’ils puissent aller au ciel, puis les envoyons «suivre Jésus», alors nous ne devrions pas être surpris de voir si peu de changement dans leurs vies et la culture dont ils font partie.

En général, quand les premiers missionnaires sont venus en Afrique, ils n’ont pas eu comme priorité d’adapter la prédication de l’évangile et la forme de la piété à la culture autochtone, de démontrer sa pertinence pour tout aspect de la vie des Africains. Tout ce qu’ils savaient faire, c’était de présenter l’évangile de la manière dont ils l’avaient reçu, avec leur bagage culturel et les limites induites par cette culture. Ken Turnbull parle de ce problème (…) :

Le théologien Africain Dr Van der Poll résume bien l’effet de ce dualisme:
«Comme l’évangile n’a pas été apporté au peuple comme une vision du monde englobante, qui devait prendre la place de la vision du monde traditionnelle qui englobait tous les aspect de la vie, … le noyau le plus profond de la culture africaine est resté vierge…. Les convertis en Afrique n’ont pas vu l’Évangile comme étant suffisant pour toute leur vie, et en particulier pour les problèmes les plus profonds. Pour cette raison, nous trouvons le phénomène suivant à travers toute l’Afrique de nos jours: dans les temps de crise, de trouble existentiel (en situation de danger, de maladie et de mort), les chrétiens retombent dans leurs croyances traditionnelles et leurs anciennes visions du monde… alors que c’est justement là que l’Évangile devrait avoir le plus de pertinence! cependant, en pratique, l’Évangile ne veut pas dire grand chose pour les Africains.»

Le Pr. B.J. van der Walt déclare:
«Nous ne pouvons ignorer le fait que le type dominant de chrétienté sur notre continent est peut-être bien de nature rêveuse et piétiste [NdT: Relatif au piétisme, mouvement religieux luthérien qui s’attache à la lettre de l’Évangile et insiste sur la dimension personnelle de l’expérience religieuse*]. Leur foi chrétienne est d’un autre monde, sans aucune pertinence pour les problèmes brûlants d’Afrique. Pourtant, si nous voulons une nouvelle Afrique, il nous faut un nouveau type de christianisme… nous avons besoin que nos yeux s’ouvrent, que notre vision s’élargisse, afin de savoir comment servir Dieu dans chaque partie de notre existence.»

Ces déclarations soulignent de manière frappante qu’il ne suffit pas de simplement envoyer des missionnaires à toute tribu et à toute langue. Si nous apportons un Évangile incomplet ou lié à la culture du pays d’envoi, avec un modèle peu efficace de discipulat, alors nous avons échoué. Notre responsabilité est de faire des disciples qui peuvent à leur tour faire des disciples, et non pas seulement d’amener des gens au salut: emmener toute personne à une relation avec Jésus capable de transformer sa vie, afin que cette vie puisse à son tour amener la transformation à toute l’Afrique. Il nous faut proclamer un évangile où tout aspect de la vie est soumis à la souveraineté de Jésus.

Espérance au milieu des ténèbres

Des erreurs ont été commises, et maintenant le mal est fait. Quelle voie l’Église pourrait-elle suivre pour aider l’église Africaine de manière plus efficace? Il nous faut chercher à travailler avec les leaders Africains comme étant leurs serviteurs, et développer pour notre ministère des stratégies en gardant bien à l’esprit le résultat désiré. Notre but devrait être de voir des mouvements d’implantation d’église se multiplier rapidement pour atteindre tout groupe humain en Afrique. Nous savons assez maintenant ce que Dieu utilise pour créer de tels mouvements. Nous devrions appliquer ces principes et nous attendre à Dieu, afin qu’Il accomplisse cela dans toute personne avec les conséquentes transformations au niveau de l’individu et de la société.

Ce qui nous encourage le plus à espérer en un avenir pour l’Afrique, c’est qu’un nombre croissant de leaders semblent comprendre ce que beaucoup de chrétiens de par le monde n’ont pas encore réalisé — que l’évangélisation du monde entier ne sera pas achevée tant que tous les groupes humains non atteints ne seront pas rejoints. David Taylor le souligne (…):

«Le pays du Kenya a ouvert la voie en devenant le premier pays à s’engager au bénéfice de tous ses groupes humains non atteints avec des équipes missionnaires locales. Il est très probable que basé sur la dynamique telle que nous la voyons maintenant en Afrique, tous les groupes humains non atteints sur le continent auront des missionnaires propres, et seront rejoints au cours de la prochaine décennie. Malgré tout ce par quoi l’Afrique est passée — malgré les guerres, les plaies, les famines, les désastres naturels — l’évangile du Royaume est prêché à toute ethnie et la ligne d’arrivée est bien visible. Pour la première fois dans l’histoire de l’humanité, cette génération d’Africains va réellement être capable de dire «toute nation, tribu, peuple et langage» sur notre continent a été atteint.»

Au milieu de toute la souffrance que l’Afrique a endurée, Dieu est sur le point de faire vaincre une stratégie missionnaire qui est de bon augure pour le futur de l’Afrique.

(…)

Rick Wood

Editorial du bulletin de Mission Frontiers, numéro de novembre-décembre 2011, intitulé «Afrique en Crise»

* définition par par tv5monde

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2 réponses à Afrique – Espérance en plein milieu des ténèbres

  1. Patrick dit :

    Pour ma part, je pense que c’est surtout le péché d’orgueil qui est la cause du problème. Aux missionnaires, ont disait qu’ils étaient les meilleurs chrétiens, et l’opinion générale était que les Africains étaient des sauvages. C’était plus facile pour les missionnaires de privilégier leurs coutumes que de chercher à s’adapter à celui qu’ils cherchaient à gagner comme Christ a cherché à s’adapter à nous … de manière extrême. Hudson Taylor a montré l’exemple, en étant un missionnaire prêt à s’adapter à la population locale… et nous?

    • nathalie dit :

      2009 rencontre dans les Cévennes avec un pasteur africain et son épouse, vision ouverte, la parole encourage à aller, le pasteur invite à venir…..Seigneur si tout tes appels étaient aussi clairs il serait tellement simple de te suivre!
      février 2013 je pose mes pieds sur la terre africaine et je rejoins en tant qu’invitée l’école de disciple de brousse. La nuit je rêve que je suis noire de peau et mes cheveux sont tressés…j’aime. Le lendemain enseignement sur le sang de jésus et ses vertus. Le saint-esprit me saisit, je fonds en larmes, à genoux, demandant pardon à ce peuple pour ce que mon peuple lui a fait. Une parole est présente dans l’esprit : « Il faut payer » . Elle révèle dans mon cœur la culpabilité avec laquelle je suis venue. Colonialisme, enrôlement pour la guerre sans versement d’indemnités pour beaucoup…..j’ai honte. Elle éclaire dans le cœur de mes hôtes la colère accumulée par les générations. Nous sommes tous à genoux ou couché par terre à demander pardon pour nos cœurs, guérisons pour nos souffrances. Et la voix de jésus à raisonné en moi : « j’ai tout payé ». Elle remplissait l’espace. Un temps de restauration et de guérison a suivi…..Tout est payé, il n’y a plus qu’a s’aimer. Un espace de vision s’est ouvert dans lequel je voyais le sang rouge et vivant de Jésus couler et remplir toutes les fractures du continent africain. L’Afrique devenait un organe vivant, comme un poumon qui respirait pour la planète. Quelques jours plus tard je continuais mon chemin sur la terre africaine avec ce mot d’ordre de mon roi, de mon ami le plus précieux : « Tout est payé ». Il n’y a plus qu’a s’aimer.
      Cela me rappelle le commandement que Christ nous a laissé : « Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de toutes tes forces, de tout ton cœur et de toutes tes pensées et ton prochain comme toi même.  »
      En lui nous avons la vie, le mouvement et l’être (actes 17), alors sortons et allons, cherchons son royaume et sa justice et aimons, aimons, aimons…. jusqu’au bout!

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