Beaucoup entrent par la large porte, peu trouvent la porte étroite

Les disciples sont peu nombreux. Ils seront toujours peu nombreux. Cette parole de Jésus leur ôte toute espérance concernant leur efficacité. Qu’aucun disciple de Jésus ne mette jamais sa confiance dans le nombre. «Il y en a peu!» ; les autres, par contre, sont nombreux et seront toujours plus nombreux. Mais eux vont à leur perte. Quelle peut bien être, dans cette certitude d’expérience, la consolation des disciples, si ce n’est cela seul que la vie leur est promise, la communion éternelle de Jésus?

Le chemin que suivent ceux qui obéissent est étroit. On passe facilement sans le voir; on le manque facilement; on le perd facilement, même quand on s’y est déjà engagé. Il est difficile à trouver. Le chemin est véritablement étroit et, des deux côtés, l’abîme est menaçant…

Être appelé à faire ce qui est extraordinaire, le faire et, cependant ne pas voir et ne pas savoir qu’on le fait… voilà un chemin étroit!

Croire à la promesse de Jésus selon laquelle ceux qui obéissent posséderont la terre et, cependant, rencontrer l’ennemi sans défense, souffrir plutôt l’injustice que la commettre… voilà un chemin étroit!
Voir et reconnaître un autre homme dans sa faiblesse, dans son injustice, et ne jamais le juger, être dans l’obligation de lui faire part de la bonne nouvelle de l’évangile et, cependant, ne jamais jeter les perles devant les pourceaux… voilà un chemin étroit! C’est même un chemin insupportable! A chaque instant on risque de tomber.

Aussi longtemps que je reconnais ce chemin comme celui qui m’est ordonné de suivre, et que je le suis dans la peur de moi-même, effectivement ce chemin est impossible. Mais si je vois Jésus-Christ me précéder pas à pas, si je ne regarde qu’à lui et si je le suis pas à pas, alors je suis protégé sur ce chemin.

Si je porte mes regards sur le caractère dangereux de ce que je fais, si je considère le chemin au lieu de considérer celui qui m’y précède lui-même, alors mon pied trébuche déjà. Car, c’est lui-même qui est le chemin. Il est le chemin resserré et la porte étroite.  C’est lui, Jésus, qu’il importe de trouver.

Si nous savons cela, nous avançons sur le chemin resserré, par la porte étroite de la croix de Jésus-Christ, vers la vie. Comment ce chemin-là pourrait-il être large? Mais ce chemin-là, ce chemin resserré de la croix, c’est le bon…

Dietrich Bonhoeffer

Né en 1906 en Allemagne, il fut pasteur et professeur de théologie … en 1937, il écrit son commentaire sur le sermon sur la montagne. Adversaire déclaré du nazisme, il reçut l’interdiction de parler et d’écrire, en 1940. Son engagement politique et sa foi l’entraînèrent à participer à un complot contre Hitler. Il fut alors arrêté (..) puis pendu le 9 avril 1945.

Dans « Le prix de la grâce », Ed. Delachaux et Niestle, 1962 (nouvelle édition: « vivre en disciple, le prix de la grâce »), texte adapté pour « L’Evangile médité par les Pères » pour l’évangile selon Matthieu, Éditions Olivétan par Daniel Bourguet

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